Égalité ou indépendance
Formé d’un texte publié en 1965 et d’une interview datant de 1968, cet ouvrage – ou plutôt cette épaisse brochure – résume les théories de l’ancien Premier ministre du Québec, dont on sait qu’une mort prématurée arrêta la carrière politique en plein essor.
Le titre résume, mieux que pourrait le faire tout commentaire, la thèse soutenue par Daniel Johnson. « Ce que nous voulons, écrit-il, c’est plus que les pouvoirs que nous accordait la Constitution de 1867. Ce que nous voulons en fait, c’est le droit de décider nous-mêmes ou d’avoir une part égale aux décisions dans tous les domaines qui concernent notre vie nationale. […] Après trois siècles de labeur, notre Nation a bien mérité de vivre librement. Tant mieux si elle peut se sentir chez elle d’un océan à l’autre. Ce qui implique qu’on lui reconnaisse l’égalité complète. Sinon, il faudra bien faire l’indépendance du Québec. »
Il s’agit donc d’un texte de combat, au moment où la tension devenait aiguë au Canada entre les Anglophones et les Francophones. Il a une valeur historique. Mais les arguments qu’il développe sont encore ceux dont se servent actuellement les représentants du Québec, même si les circonstances et le temps les ont amenés à les nuancer.
L’indépendance du Québec y apparaît comme la solution ultime si les Canadiens-Français ne peuvent obtenir ce qu’ils réclament avant tout : l’égalité des droits dans un Canada formant un seul peuple constitué de deux nations – et non d’une Nation composée de deux peuples. Mais l’indépendance n’est pas l’autarcie, et le Québec, s’il devait devenir indépendant, ne pourrait pas s’affranchir de tout lien avec les pays voisins. « Canada ou Québec, conclut Daniel Johnson, là où la nation canadienne-française trouvera la liberté, là sera sa patrie. » ♦