Histoire illustrée de l’Europe
Les éditions Flammarion procèdent à la publication en langue française d’une Histoire illustrée de l’Europe, parue en Angleterre et due à des auteurs anglais. Les livres sont d’un format et d’une présentation agréable, abondamment illustrés.
Leur originalité provient de ce qu’ils étudient chacun une large tranche de l’histoire européenne, sans tenir compte de l’histoire propre à chaque pays. C’est donc, au sens propre du mot, une histoire « régionale ». Dans ces conditions, les textes s’apparentent davantage à ce que nous appelons des essais, qu’à ce que nous avons coutume de comprendre par le mot « histoire ». Le lecteur n’a pas à s’en plaindre, puisqu’il dispose ainsi d’une vue personnelle et originale donnée par chaque auteur sur un des grands moments de l’évolution des idées et des faits.
Les livres actuellement parus portent sur L’essor du monde chrétien, Le rôle de Byzance, La Réforme et la société du XVIe siècle, Romantisme et révolte et la période De Sarajevo à Potsdam. Si nous ne retenons ici que les deux derniers ouvrages, nous voyons que l’un d’eux recouvre la période 1815-1848 et l’autre la période 1914-1945. C’est dire et confirmer ce que nous écrivions plus haut sur la forme et l’esprit de cette collection.
De 1815 à 1848, l’auteur (Jacob Leib Talmon) retient essentiellement les effets de la double révolution qui s’accomplissait alors : révolution politique, conséquence, suite et développement au plan de l’Europe de la Révolution française, et révolution industrielle, déjà amorcée sérieusement en Grande-Bretagne, mais prête à éclater sur le continent. C’est l’enfantement du monde moderne.
De 1914 à 1945, Alan John Percivale Taylor indique la marche de l’unité vers la division de l’Europe. Thèse qui ne laisse pas de surprendre par sa simplicité, car s’il est vrai que l’Europe est sortie de la guerre 1939-1945 divisée en deux camps, il est discutable qu’elle ait été « unie » en 1914. Mais il y a heureusement bien autre chose dans ce livre, notamment l’affirmation et la démonstration que l’Europe a été – et doit rester – le foyer de la civilisation, dont les autres parties du monde ont déjà ou vont bientôt bénéficier.
Cette collection présente un intérêt certain, ne serait-ce que par la diffusion, dans le public français, d’ouvrages écrits selon d’autres conceptions que celles qui lui sont habituelles. ♦