La grande tourmente 1939-1945 – Mémoires de guerre
La majeure partie des Mémoires de guerre de Harold Macmillan est consacrée aux affaires complexes de la fin de 1942 et de 1943 qui remirent la France dans le combat aux côtés des Alliés. Il est fort intéressant de lire ce qu’en écrit un Britannique, décontenancé par l’attitude des Français, ballotés entre leur désir évident de reprendre la guerre et leur fidélité au régime du Maréchal Pétain ou plus généralement à des valeurs qu’ils avaient appris à respecter. Visiblement, le comportement des Français d’Afrique du Nord et de l’Ouest, dans son ensemble, et plus particulièrement des hommes politiques et des chefs militaires qui étaient en contact direct avec l’auteur, a surpris celui-ci.
On sera étonné de constater à quel point l’envoyé de Churchill pouvait se méprendre sur les sentiments réels des Français, et sur le manque de renseignements dont il fait preuve. Il est facile de relever dans ce texte de nombreuses inexactitudes et quelques flagrantes contre-vérités. Elles frappent d’autant plus qu’elles portent sur des faits qui, à l’époque, étaient déjà fort douteux et ont depuis lors été pleinement éclaircis.
Le lecteur français, bien qu’il soit amené souvent à « grincer des dents », n’en goûtera pas moins l’humour dont témoigne l’auteur tout au long des anecdotes dont son ouvrage abonde. Certaines scènes mineures, mais caractéristiques cependant, de la Conférence de Casablanca et des conversations d’Alger et d’Alexandrie, sont fort bien venues et retiendront le lecteur. C’est de la petite histoire, mais elle a aussi son intérêt. À l’époque sur laquelle portent ces mémoires, Harold Macmillan n’avait pas encore une position qui lui permit d’écrire de la grande histoire. ♦