Le dossier Laval
Il est certain que peu de Français estiment justifiée l’action de Pierre Laval lorsqu’il était chef du gouvernement pendant l’Occupation ; mais son attitude est sans doute diversement jugée et le degré des responsabilités qu’il a encourues devant le pays peut être diversement apprécié. « L’affaire Laval » s’éloigne dans le temps. Claude Gounelle a pensé que le moment était venu de la présenter objectivement. Son épais ouvrage est établi suivant un plan systématique ; les diverses époques correspondant à un acte particulièrement significatif font l’objet de quatre parties : les faits, le dossier de l’accusation, celui de la défense et les déclarations de Pierre Laval lui-même.
La méthode paraît claire ; elle conduit cependant à un ensemble dont la lecture suivie est difficile et même quelque peu lassante. Il faut donc considérer ce livre comme une source documentaire, plus propre à permettre de juger de la culpabilité de Laval sur un point donné que sur l’ensemble de ses activités.
L’auteur n’a pas pris parti ; il fournit au lecteur une matière brute, qui n’est pas, nous semble-t-il, directement exploitable, sans avoir recours à d’autres ouvrages et à d’autres études. S’il faut savoir gré à l’auteur d’avoir réuni les éléments fondamentaux du procès, la présentation qu’il en fait n’en pose pas moins une question de méthodologie. Il est vraisemblable que la majorité des lecteurs préféreraient trouver d’une part les données résumées de l’accusation et de la défense, d’autre part une discussion faite par l’auteur lui-même des arguments opposés ; c’est cette discussion qui permettrait, mieux que les données brutes, la réaction du lecteur et inciterait davantage sa curiosité. ♦