Presse, argent, liberté
Le rythme rapide du style et l’ardeur démonstrative de l’auteur conduisent sans peine jusqu’à la dernière page un lecteur qui, en cours de route, s’instruit sur les aspects de la presse écrite au moment où il est si souvent répété que la presse parlée et télévisée la tue lentement mais sûrement.
Un journal est, selon l’auteur, l’obligatoire complément des nouvelles si rapidement diffusées par les ondes ; s’il n’apporte plus le choc de l’événement inconnu et soudain dévoilé, il a le privilège, qu’il est seul à posséder, de pouvoir l’expliquer et le commenter à loisir ; il offre en conséquence au lecteur une sorte de réestimation de la valeur et de la place de l’événement parmi tant d’autres. Mais ce destin nouveau, qui ne semble guère contestable, exige des journalistes une qualité supérieure, un jugement plus assuré et, dans la mesure où l’objectivité est possible, une obligation morale. La presse écrite devant offrir un produit de grande consommation et de haute qualité doit s’organiser comme une industrie, suivant des méthodes éprouvées dans les autres branches de l’activité économique ; mais c’est une production directement faite par des hommes et pour des hommes, et dont le but est une information qui s’apparente à une éducation permanente. Comme toute industrie, elle a besoin d’un capital ; celui-ci est important ; son engagement représente un grand risque. La publicité doit aider à surmonter ce risque, non pas pour permettre au journal de vivre, mais pour associer en lui l’information courante et l’information économique, qui ne sont que deux aspects particuliers d’une même réalité. Aussi les journalistes doivent-ils être à leur tour associés à l’entreprise, non seulement au plan matériel, relativement secondaire, mais surtout au plan de la direction du journal, dans une organisation qui, tout en ne permettant pas une décision collégiale, doit cependant tenir compte des opinions exprimées par ceux qui créent effectivement le journal.
La presse écrite française traverse une crise de paresse : « il faut la remettre au travail », en sélectionnant plus sévèrement les journalistes, en transformant ses structures, en l’adaptant aux conditions présentes.
À un texte relativement court, l’auteur a joint divers extraits relatifs à la publicité. Il mérite d’être lu : l’intérêt de la question en cause ne peut échapper à personne. ♦