Bernadotte, chef de guerre et chef d’État
L’auteur, qu’une lointaine parenté unit à son héros, a entrepris de plaider sa cause. II est juste de reconnaître que Bernadotte n’a pas toujours eu bonne presse dans l’histoire de la période napoléonienne, et que sa destinée en Suède n’a pas passionné les Français. Il était sans doute utile de faire une mise au point et de rendre au Maréchal d’Empire une justice qui ne lui a pas été reconnue.
Mais il convient cependant d’être et de rester impartial. Il semble bien qu’emporté par sa thèse, Gabriel Girod de l’Ain ait poussé au noir le personnage de Napoléon pour mieux faire valoir Bernadotte. La victoire d’Austerlitz elle-même devient une défaite manquée. Il faut craindre – et souhaiter – que le lecteur ne suive pas l’auteur sur ce terrain. Son livre contient, heureusement, assez de bonnes pages pour mériter l’attention et l’intérêt.
Comme tant d’autres hommes célèbres de la période si fertile en événements qui donna de nombreuses occasions aux talents de toute sorte de se manifester, Bernadotte a eu une vie hors-série, dont on pourrait faire un conte de fée. Il avait une intelligence vive, un sens certain des affaires politiques, une valeur militaire indéniable. Si les circonstances l’ont favorisé sans lui faire connaître l’amertume des revers de fortune, il l’a certainement mérité par ses qualités et ses actes.
Ce livre minutieux, dans lequel la vie de Bernadotte est décrite au jour le jour et dans ses moindres détails, permet en outre – et ce n’est pas son moindre mérite – de pénétrer dans l’intimité d’un temps glorieux et passé, et de voir les hommes aux prises avec les événements qui les entraînaient. Il donne une bonne peinture de l’époque. ♦