« La défense aujourd'hui, loin d'être spécifiquement militaire ni bornée à la seule perspective d'un conflit armé, s'exerce à tout moment et s'applique à tous les domaines. Elle traduit la capacité physique et militaire d'une nation à résister aux pressions qui, de l'extérieur, ne cessent de peser sur son indépendance, c'est-à-dire sur son existence. De même qu'un organisme humain vigoureux secrète en lui-même les armes contre ce que la médecine moderne appelle précisément « les agressions », qui risquent à tout moment de porter atteinte à la santé, de même un peuple fort s'assure les moyens de détourner les périls qui guettent en permanence les nations, et c'est à la possession de ces moyens qu'on juge de sa vitalité et, en quelque sorte, de sa santé ».
Nous empruntons cette assimilation de la défense à un organisme vivant à l'allocution du président Georges Pompidou, le 3 novembre 1969 à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). Elle nous semble propre à éclairer la notion de menace globale qui recouvre l'ensemble des agressions de tous ordres, économiques, culturelles, mais aussi morales qui, si nous n'y prenons garde, peuvent ruiner la nation. En lisant cet article, gardons encore en mémoire cette phrase du président Pompidou qui devrait nous servir d'avertissement salutaire : « Toute défense nationale dépend du ressort moral, de la résolution, de la volonté de vivre qui animent un peuple. Comme un malade dont on dit qu'il a mauvais moral, une nation qui s'abandonne est condamnée».