Nationalisme paysan et pouvoir communiste. Les débuts de la révolution chinoise
La thèse de l’auteur est nette : « l’objet de cette étude, écrit-il, est de découvrir une base à partir de laquelle comprendre le communisme chinois contemporain comme forme particulièrement virulente du nationalisme. » Cette base est double ; d’abord, c’est l’éveil des masses paysannes aux questions de l’organisation moderne ; puis la lutte qu’elles ont menée pour libérer leurs terres de l’occupation japonaise. Ces deux mouvements, qui se complètent et s’épaulent réciproquement, sont l’œuvre du Parti communiste chinois (PCC), luttant à la fois contre le Kuomintang et contre les Japonais.
Le PCC trouva ainsi « les moyens par lesquels il s’est réintégré dans la vie politique chinoise » ; il n’usurpait donc pas le pouvoir, il l’assumait parce que les principales orientations de l’opinion – qu’il avait d’ailleurs contribué à former – correspondaient aux siennes. Mais il apportait un système totalitaire qui lui permettait de disposer « fort habilement », et à l’aide « d’une virtuosité toute léniniste », des masses en les organisant et en isolant les dissidents. Aussi, dans ce mélange d’aspirations populaires, et d’habileté d’une élite sélectionnée, « le meilleur moyen d’expliquer l’ascension des partis communistes chinois et yougoslave est de considérer leur communisme comme une variété du nationalisme ».
Les Japonais ne surent pas comprendre ce phénomène, et les mesures qu’ils furent amenés à prendre dans les campagnes chinoises renforcèrent l’esprit de résistance que le PCC « nationalisait ». Alors qu’à l’origine, ils avaient devant eux une masse paysanne passive, ils en vinrent à la transformer par leurs dispositions maladroites, en masses actives et conscientes.
L’armée communiste chinoise put ainsi aisément assurer son recrutement, en même temps que ses dirigeants l’organisaient suivant leurs principes et leurs méthodes, dont l’auteur donne de nombreux exemples concrets en exposant la création des bases de guérilla.
L’auteur explique très clairement ces phénomènes et développe fort logiquement sa thèse. Son originalité est de faire un parallèle entre l’action du Parti communiste yougoslave et celle du PCC, le premier ayant réussi à discréditer entièrement le gouvernement en place alors que le second ne parvint pas, jusqu’en 1949, à en faire autant du Kuomintang.
L’ouvrage est intéressant, vivant, documenté et complète les études françaises publiées sur le même sujet. ♦