Le riz et le rouge. Cinq mois en Extrême-Orient
Sous ce titre curieux, un jeune universitaire qui a eu la chance de bénéficier d’une bourse de voyage généreuse, raconte son périple extrême-oriental à travers le Japon, la Chine communiste, l’Indonésie, le Vietnam du Sud, le Laos, le Cambodge et la Thaïlande. Cette énumération suffit à montrer que le voyage a été rapide, malgré sa durée. Aussi ne faut-il s’attendre à ne trouver dans le récit qu’une suite d’impressions, comme en écrivaient les auteurs du début du siècle. Toutefois, ces impressions – signe des temps – font bien davantage appel à la politique qu’à la couleur locale, que rappellent cependant quelques notes espacées.
Mais le lecteur est vite séduit par la simplicité et la spontanéité du style, qui le retiennent et le conduisent fort aisément jusqu’à la dernière page. Il est de fait que ce récit est l’un des plus agréables qu’il nous ait été donné de lire depuis longtemps sur ces pays où se joue peut-être la destinée du monde.
Les idées de Jean-Noël Jeanneney sont fort « orthodoxes ». L’auteur n’a pas été séduit par les hommes d’affaires japonais, non plus que par la Révolution culturelle de Mao ; pas davantage par l’assoupissement de l’Indonésie ; quelques scènes de guerre, au Vietnam et sur les frontières du Cambodge, semblent l’avoir pourtant marqué.
On lit ces pages avec plaisir. Pourquoi ? parce qu’elles reconstituent fort bien l’ambiance des lieux visités par l’auteur, parce que l’on croit prendre, en sa compagnie, contact avec les gens et les paysages, parce qu’elles donnent un document vécu. Il est regrettable pourtant que ce livre paraisse si longtemps après que ce voyage a été fait de septembre 1966 à février 1967. Les événements ont marché depuis lors et dépassé parfois ce que rapportait l’auteur. ♦