Les Cahiers du Capitaine Coignet
Tout le monde connaît le titre de cet ouvrage célèbre. Il est moins certain que tout le monde l’ait lu, sinon en extraits plus ou moins larges. La présente édition, que présente et préface M. Jean Mistler, de l’Académie Française, est la première version intégrale (à quelques courts passages près), des souvenirs du fameux grognard. Voilà une occasion de lire ou de relire ces pages, dans lesquelles il ne faut pas espérer trouver de hautes spéculations sur la politique et sur la stratégie. Coignet raconte ce qu’il a vu et ce qu’il a fait, énumère plus volontiers les bouteilles qu’il a eu l’occasion de boire au cours de ses étapes à travers l’Europe que les effectifs mis en ligne dans les combats auxquels il a assisté – pratiquement toutes les batailles napoléoniennes depuis Marengo jusqu’à Waterloo : il insiste davantage sur les petites misères de la vie militaire et sur ses modestes satisfactions que sur l’exaltation des victoires. Il raconte avec la même simplicité Austerlitz et la Bérézina, et ne manque pas de dépeindre le sort lamentable des « demi-soldes » dont il fut.
Mais son dévouement et son culte envers l’Empereur sont entiers : non qu’il n’y apporte aussi un bon sens parfois terre à terre ; Napoléon paraît, à ses yeux, un homme, mais un grand homme. Il l’aime simplement, sans chercher à en analyser les raisons.
Au moment où culmine l’année de la célébration du bicentenaire de la naissance de l’Empereur, la lecture des Cahiers du Capitaine Coignet est sans doute une excellente introduction à des réflexions peut-être plus élevées, mais qui n’auront pas le ton de sincérité et de simplicité de la prose hésitante d’un des hommes avec lesquels Napoléon bâtit sa gloire. ♦