Lettre aux Américains
Si les hommes sont conscients des différences qu’ils constatent entre eux, ils sont bien moins disposés à reconnaître leurs ressemblances. Ce qui divise est plus visible que ce qui unit. C’est l’origine de la plupart des mésententes, des rivalités et souvent des conflits.
C’est d’une semblable remarque que Thierry Maulnier a tiré la substance de sa lettre aux Américains. Il s’efforce de leur montrer qu’entre leur pays et le nôtre il existe plus de raisons de rechercher une profonde entente que d’envenimer des divergences passagères. Non qu’il faille nous rendre semblables ; au contraire, chaque peuple doit garder son originalité et trouver précisément en celle-ci un argument supplémentaire d’estimer l’autre peuple et une raison de plus de chercher à le mieux comprendre. Les divergences actuelles sont de peu de poids, lorsqu’elles sont envisagées hors de toute attitude émotionnelle et passionnelle. Or nos destinées que l’histoire a rendues communes dépendent de nous, de nos actes et de nos paroles. Tout doit être fait pour que nous en soyons conscients et pour que nous en tirions des conclusions objectives, mais cependant marquées par notre désir réciproque de conserver l’amitié qui nous a unis et doit continuer de nous unir.
« Je n’aurai pas écrit ces pages tout à fait en vain, écrit l’auteur dans sa conclusion, si j’ai aidé quelques-uns de vos compatriotes, et quelques-uns des miens, à sentir à quel point nous étions solidaires. » Il faut espérer que cet appel au bon sens, à la bonne volonté et à l’histoire passée, comme à l’intérêt présent, ne sera pas négligé. ♦