Retour à zéro
On se souvient certainement d’un précédent ouvrage de l’auteur, Témoignage pour l’histoire, dans lequel Paul Stelhin rappelait ses souvenirs de jeune officier, alors qu’il était, avant 1939, attaché de l’Air en Allemagne. C’est la suite de souvenirs semblables recueillis au cours d’une carrière militaire menée en partie dans les ambassades et les cabinets ministériels, en partie dans la troupe et à la tête de notre Armée de l’air, qui est racontée dans ce nouveau livre.
Le ton change quelque peu. Le témoin est plus âgé, voit plus largement les affaires internationales, devient responsable à son tour. L’option politique que Paul Stelhin a prise en acceptant de se présenter aux élections législatives n’est sans doute pas non plus étrangère à la forme dans laquelle ses souvenirs sont relatés. Le ton est plus grave, moins personnel, que dans le premier livre ; l’exposé prend un ton qui résulte de la thèse. En effet, l’auteur, depuis toujours partisan d’une Europe unifiée, regrette que l’occasion de la faire ait si souvent échappé ou ait été plusieurs fois repoussée par notre gouvernement. Ce « retour à zéro », c’est le retour à une situation dépassée, de l’avis de l’auteur, à celle du monde d’avant la dernière guerre ; c’est le refus d’adhérer véritablement à la constitution d’une force européenne, militaire, économique et politique, seul gage de paix et de prospérité. « L’amour fanatique pour la patrie française » dans lequel Paul Stelhin a été élevé lui fait voir une France victorieuse et rayonnante, redevenue elle-même en 1945 « par un miracle unique dans l’histoire ». L’Empire a éclaté, la France est rentrée dans ses frontières, isolée et menacée par un régime soviétique de plus en plus puissant. Délivrée du cauchemar de devenir allemande, n’est-elle pas actuellement livrée à celui de devenir russe ? Seule, la création d’une Europe occidentale, solide et sûre de sa civilisation et des valeurs qu’elle représente, est capable de l’en délivrer à son tour.
C’est sur ce thème, ici résumé à grands traits, que l’auteur rappelle l’histoire des vingt années qui nous séparent de la fin de la dernière guerre mondiale, apportant son témoignage personnel sur tant de décisions prises à l’échelon international. ♦