L’invasion du IIIe Reich. Mémoires de guerre 1945
Le Premier front d’Ukraine, que commandait le Maréchal Koniev en 1945, participe à l’invasion de l’Allemagne en occupant essentiellement la Silésie et en gagnant la course pour Berlin ; c’est lui qui fait aussi la première jonction avec les forces américaines. Se portant de la Vistule à l’Oder, puis de l’Oder à la Neisse, puis enfin à l’Elbe, il fut un des éléments principaux de la victoire. On sait comment Staline provoqua l’émulation des deux maréchaux qui pouvaient atteindre Berlin, et la légende s’est emparée de la rivalité qui aurait éclaté alors entre Joukov et Koniev.
Ce livre, assez court en comparaison des événements qu’il raconte, a l’avantage d’être aussi précis qu’un rapport et aussi facile à lire qu’un récit. On est pris peu à peu et bientôt solidement tenu par l’intérêt de l’action et la simplicité des réflexions, bonhommes mais frappantes et justes, de l’auteur sur son propre rôle. On ne trouvera guère d’autocritique dans cet ouvrage écrit à la gloire des armées soviétiques, mais la précision avec laquelle sont décrites les opérations et la concision avec laquelle le Maréchal Koniev évoque les moments où il dut prendre ses principales décisions permettent de se faire une idée exacte de la campagne. Campagne toute différente de celle qui fut conduite en Europe occidentale, en raison de l’immensité des distances, de la discontinuité du front et de la nature des forces engagées. L’affection traditionnelle des Russes pour certains procédés tactiques, tels que le double encerclement et l’emploi massif de l’artillerie, se manifeste à plusieurs reprises. Et la doctrine offensive soviétique y est largement illustrée par des « cas concrets » vécus.
Un livre à lire et à méditer. ♦