Batailles pour la paix
Dans un précédent volume, le général Eisenhower avait donné ses mémoires sur les événements de son premier mandat (Mes années à la Maison-Blanche). Cette fois, c’est de ceux qui se sont déroulés au cours de son second mandat, de 1956 à 1961, qu’il entretient le lecteur. Ils sont lourds et chargés de souvenirs sombres pour ceux qui se les rappellent : l’affaire de Suez, la révolte hongroise, le lancement du premier Spoutnik et la course spatiale qu’il inaugure, le débarquement au Liban, la deuxième crise de Berlin, l’échec de la conférence au sommet de Paris. Le général Eisenhower y ajoute le récit de ses propres voyages, des visites qu’il a reçues à Washington, de ses inquiétudes personnelles pour sa santé. On comprend que ce livre, malgré son épaisseur (et la traduction française est quelque peu allégée…) soit encore bien mince pour contenir tout ce que le Chef du plus puissant État du monde peut avoir à dire.
Le lecteur ne trouvera cependant pas, nous semble-t-il, de révélations a posteriori sur les buts et les mobiles de la politique américaine, non plus que de longues explications sur ses intentions et ses difficultés. En dehors d’un chapitre de conclusions assez générales, l’auteur ne s’est pas étendu sur la philosophie des fonctions qu’il a si longtemps exercées. En revanche, il donne de ses contacts avec les faits et les hommes un récit très vivant, où l’anecdote se mêle à l’actualité la plus brûlante. Le ton est simple, mais l’évocation rapide, souvent saisissante ; le lecteur n’oubliera certainement pas les esquisses faites par le général Eisenhower des principaux hommes d’État qu’il eut l’occasion de rencontrer, parmi lesquels le général de Gaulle, Nasser, Khrouchtchev, Jean XXIII. Mais il notera aussi l’appréciation souvent répétée du talent et des mérites de Richard Nixon, le vice-président, devenu maintenant le successeur de l’auteur à la Maison-Blanche, après l’interrègne démocrate de John Kennedy et de Lyndon Johnson.
Un livre qui se lit aisément, rapidement, à travers lequel l’image la plus frappante reste celle du général Eisenhower lui-même, toute de simplicité et de bonhomie apparentes, ainsi que d’affabilité souriante, malgré les écrasantes responsabilités qu’il eut à assumer à la tête de son pays. ♦