L’expansion coloniale de la France sous la Troisième République
Le cours professé par l’auteur à la Sorbonne a servi de base à cet important ouvrage, dont la thèse générale est que l’expansion coloniale, entre 1871 et 1914, a permis à la France de reprendre sa place parmi les grandes nations. Cette place aurait risqué d’être définitivement perdue si la politique du « recueillement », que préconisait M. Thiers, avait prévalu.
En effet, la diminution relative de la population française dans l’Europe de l’avant-Première Guerre mondiale et le retard que marquait son industrie, auraient certainement conduit notre pays au rang des puissances de second rang ; il est possible de s’en rendre compte maintenant, avec le recul du temps. À l’époque où l’événement n’était évidemment pas aussi nettement discernable, la politique coloniale fit l’objet de sérieuses critiques, dont les raisons profondes et fort diverses se masquaient aisément derrière un motif indéniable : le danger allemand. L’opinion suivait mal la nécessité d’une expansion outre-mer ; elle ne s’y rallia qu’après 1890 lorsque les succès obtenus furent démonstratifs. C’était davantage au prestige et à l’épopée qu’elle se montrait sensible, qu’aux besoins de notre économie ; mais elle appuya le mouvement et soutint une entreprise qui rendait à la France son rayonnement. Au-delà des nécessités économiques mal discernées et d’ailleurs discutables, un idéal humain naissait : la France devrait pouvoir assimiler les populations coloniales et devenir ainsi le pays de « cent millions d’habitants » qui aurait son poids dans la politique mondiale.
C’est sur cette donnée d’ensemble que se branchent les différents chapitres d’un livre conçu à la fois comme un manuel d’enseignement supérieur et comme une œuvre destinée au grand public. Les faits sont présentés avec clarté, dans un ordre logique, avec les explications et les commentaires indispensables, qu’il s’agisse de l’expansion coloniale elle-même ou de ses interférences avec la politique européenne.
Ce livre est un excellent guide dans une histoire trop souvent ignorée ou peu apprise, en même temps qu’une source d’abondantes réflexions sur un passé récent dont les prolongements demeurent inscrits dans l’actualité. ♦