Jaurès et le socialisme des intellectuels
Georges Lefranc est connu de nos lecteurs, qui ont pu apprécier la clarté de ses exposés et la netteté de sa pensée. Nous avons ici même rendu compte de quelques-uns de ses ouvrages, notamment, en mars 1968, de son Histoire des doctrines sociales dans l’Europe contemporaine. C’est dans la même collection qu’est publiée son étude sur Jaurès. On la lira avec intérêt.
Elle porte d’abord sur le grand homme politique dont elle s’efforce de mieux définir la pensée et l’action, en indiquant en quoi elles se différenciaient de celles de Marx, en quoi, en somme, elles avaient un caractère proprement original et français. Mais, comme l’indique le titre, elle s’étend aussi à l’ensemble des « intellectuels » qui, après Jaurès et suivant plus ou moins étroitement les voies qu’il avait tracées, ont adhéré au socialisme et trouvé en lui une raison de vivre. Georges Lefranc en passe la revue, indiquant pour chacun d’eux le sens particulier dans lequel il s’est orienté, mais faisant ressortir aussi les grandes lignes d’un mouvement de pensée puissant, à la recherche d’une vérité sociale plus complète et plus juste. Cela ne va pas parfois sans critique et réticences ; chacun en sera juge, évidemment, mais reconnaîtra l’objectivité de l’auteur.
Ce livre fort court se lit facilement. Il apporte une documentation, sommaire mais suffisante pour une large prise de contact avec une question qui n’a pas fini de susciter de nombreuses controverses, autant que d’enthousiasmes et d’acerbes critiques. ♦