Le Royaume d’Arabie saoudite face à l’Islam révolutionnaire
L’Arabie saoudite reste sans doute pour beaucoup de lecteurs un pays mystérieux au cœur d’un désert de pierres mais auréolé des merveilleuses richesses du pétrole. Si l’information est courte, l’image n’en est pas moins haute en couleurs. Le livre que voici donnera des vues plus précises qui détruiront les légendes sans toutefois faire cesser le mirage.
L’ouvrage est divisé en deux parties, que complètent des Annexes. Dans la première partie, les auteurs ont fait un historique des événements complexes dont l’Arabie a été le théâtre au cours des soixante dernières années ; dans la seconde, ils décrivent le pays et les hommes. On appréciera certainement la clarté de l’exposé.
Mais la thèse en est plus intéressante encore. L’Arabie est le pays des nomades ; elle s’oppose à l’Égypte, qui est celui des sédentaires. D’un côté, la tradition, avec ses rites, ses tabous, ses règles ; de l’autre, le modernisme, ou plutôt un certain modernisme qui touche évidemment à la religion avant même que d’influencer la politique. « L’Islam révolutionnaire est essentiellement, écrivent les auteurs, l’œuvre de jeunes diplômés des facultés européennes dressés contre le conservatisme désuet et les abus d’une classe dirigeante, agissant le plus souvent de concert avec les autorités occupantes ». Mais cette élite est coupée de contacts réels avec la population misérable ; ainsi naît la lutte des classes. Celle-ci gagne tous les pays arabes, à partir du Caire : Transjordanie, Yémen, Irak, Syrie. Puis naissent les révoltes que l’on sait contre les puissances occupantes, du golfe Persique à l’Atlantique, « Dans le même temps, l’Islam traditionaliste secouait le monde endormi de ses adeptes. » Le Wahabisme, né au XVIIIe siècle, reprend une vigueur nouvelle au début du XXe et recouvre la totalité de la péninsule arabique. Ainsi deux capitales rivales s’imposent : Le Caire et Ryad.
Il faut cependant faire des réformes, même dans ce pays tellement ancré dans le respect de la tradition. Le monde moderne est exigeant. Le roi Séoud, puis son frère l’émir Fayçal, qui lui succède en 1962, s’attachent, après avoir réalisé l’unité politique de l’Arabie, à y réaliser des réformes administratives et sociales (telles, par exemple, la création des tribunaux et l’abolition de l’esclavage).
C’est cette histoire récente ou actuelle qui est racontée dans ce livre. Le lecteur jugera si, comme le demandent les auteurs, on peut « aller résolument de l’avant tout en sauvegardant un arrière-plan de spiritualité ».