Alerte en pays neutre. La Suisse en 1940
La Suisse s’est trouvée pendant la dernière guerre au cœur d’un continent bouleversé. Elle a maintenu sa neutralité et a sauvegardé son indépendance. Un tel résultat peut sembler tout naturel. René Wüst l’apparente à un miracle, dont il fixe l’origine aux décisions et à l’attitude prises, au mois de mai 1940, par le Commandant de l’Armée helvétique, le général Guisan, et le président Rudolph Minger.
Il était évident que la France pouvait craindre une attaque allemande s’exerçant par un double débordement : au Nord par la Belgique, au Sud, par la Suisse. Pendant qu’ils effectuaient le premier, les nazis montaient uni : large manœuvre d’intoxication laissant croire qu’ils allaient également entamer le second. L’hypothèse avait déjà été étudiée, avant la guerre, dans des conversations officieuses entre les autorités militaires suisses et françaises ; un plan d’action mis sur pied, en cas où le débordement sud se manifesterait par la violation de la frontière suisse par les Allemands. Aussi, lorsque commence la campagne sur le front occidental, le général Guisan et son état-major suivent-ils attentivement les mouvements de l’armée allemande. Celle-ci ne met pas ses menaces à exécution, et la France s’effondre sans que l’Allemagne ait eu besoin de recourir à la manœuvre par le Sud. Mais des dissensions se produisent chez les Suisses : les uns déplorent l’échec des pays occidentaux ; les autres sont fascinés par la puissance hitlérienne. La crise est grave, même dans l’armée qui ne comprend pas pourquoi elle est maintenue sous les armes alors que les opérations actives sont terminées dans les pays voisins. L’énergie du général Guisan, qui jure de sauvegarder son pays d’un éclatement dû aux dissensions, d’organiser le réduit alpin, sauve la Suisse d’un grave péril.
C’est cette période mouvementée, si courte mais si riche de conséquences, que René-Henri Wüst a entrepris de raconter dans un livre clair, sobre, qui attire la sympathie en éveillant l’intérêt, particulièrement chez le lecteur français ; celui-ci jugera mieux, l’ayant lu, à quel point la cause alliée était soutenue en Suisse.