Les rescapés de Nuremberg. Les « Seigneurs de la Guerre » après le verdict
« En instituant Nuremberg, les Alliés ont évoqué la sagesse des Nations. Des mots… ». Telles sont les deux dernières phrases de ce livre curieux, attachant et gênant à la fois. L’auteur s’est donné pour tâche de décrire minutieusement, dans les plus petits détails, la vie des chefs et dirigeants allemands qui ne furent pas condamnés à mort au procès de Nuremberg et passèrent des années en prison, dans la prison de Spandau d’où le dernier d’entre eux, Rudolf Hess, a été récemment libéré.
La description du régime pénitentiaire, s’appliquant à des hommes dont certains étaient fort âgés, qui avaient tous tenu de hauts postes, tient à la fois du cauchemar et de la caricature. On peut effectivement se demander quelle valeur d’exemple pouvait avoir – et sur qui ? – une peine subie dans de telles conditions, dont le secret était d’ailleurs jalousement gardé. À Spandau, on ne fabriquait pas des martyrs ; mais on ne donnait pas non plus à des coupables l’occasion de se repentir, ni au monde la possibilité d’apprécier si la peine était adaptée au crime.
Ce livre est écrit pour montrer l’inanité et l’erreur finale d’une justice internationale qui ne s’exerce que contre les vaincus et divise entre eux les vainqueurs. Les lecteurs auront certainement des réactions très diverses. Mais peut-être l’était-il pas inutile qu’un tel livre fût écrit ?…