La dernière bataille. La chute de Berlin
Le succès d’un livre célèbre : Le jour le plus long a fait connaître dans le monde entier le nom de Cornélius Ryan. Son nouvel ouvrage méritera-t-il le même accueil et la même diffusion ?
L’auteur, nous semble-t-il, n’a pas gardé la même forme, et le livre qu’il nous présente nous paraît ne pas avoir la qualité du précédent. Il est tout d’abord touffu, trop rempli d’anecdotes qui se nuisent les unes aux autres, et font perdre au lecteur le fil conducteur du déroulement générai des événements, malgré les cartes fort claires qui en donnent une représentation graphique. Il est ensuite discutable dans son principe, le même pourtant qui permit d’écrire Le jour le plus long et d’en faire un chef-d’œuvre ; ici, la scène est trop vaste et l’attention se disperse trop largement entre les Allemands, combattants et civils, les Anglais, les Américains, les Russes, les états-majors, les soldats du rang, les dirigeants du plus haut échelon. On reste insatisfait, au total, malgré l’indiscutable accumulation de témoignages et la conscience avec laquelle ils ont été recueillis.
Cela revient-il à dire que ce livre est « raté » ? Certes non ; le lecteur s’attendait à un nouveau chef-d’œuvre ; il est déçu de ne pas le trouver. Mais il reste à l’ouvrage assez de qualités pour que sa lecture demeure intéressante, à la condition toutefois, semble-t-il, qu’elle soit faite sans hâte, et peut-être même au hasard des pages. Car l’auteur n’a point perdu son talent de conteur et de puissant évocateur. Du grand nombre des anecdotes, se dégage une impression d’ensemble, à la fois lourde et vibrante, celle de la guerre et de ses horreurs poussées au-delà de l’imaginable. C’est ce qui reste de ces pages, qui, comme le dit l’auteur lui-même, ne sont pas un « ouvrage d’histoire militaire ». Et il ajoute, ce qui définit bien son travail : « C’est l’histoire de gens comme tout le monde, tant militaires que civils, aux prises avec le désespoir, la déception, la terreur et le viol de la défaite et de la victoire ».