En évoquant l'évolution du concept de défense américain, cet exposé se propose de rappeler le système de forces sur lequel il repose aujourd'hui avant d'esquisser les orientations qu'il est susceptible de prendre avec la nouvelle administration démocrate.
La dissuasion et la défense des États-Unis
Le terme dissuasion n’a pas, à vrai dire, de traduction exacte dans la langue russe. Celui qu’utilisent les Soviétiques : oustrachenié (l’inspiration de la peur) ne présente pas le caractère de rationalité calculée que les esprits latins ont donné au concept de dissuasion. Ceci n’enlève rien à la force de l’idée exprimée par le mot russe et n’a en tout cas pas empêché les Soviétiques d’édifier un arsenal dont le volume et les performances s’avèrent éminemment dissuasifs.
En revanche, le concept de dissuasion comme élément de calcul et de jeu est particulièrement familier aux Américains. Il suffit d’évoquer la part importante des attitudes d’intimidation et de « bluff » dans leurs traditions et dans leur comportement. Cette longue pratique n’est peut-être pas étrangère à l’efflorescence outre-Atlantique de l’abondante littérature consacrée, depuis l’avènement de l’ère nucléaire, à disséquer ce concept avec un raffinement d’entomologiste.
La multiplicité et la complexité croissante des théories produites par cet effort de réflexion ne favorisent pas l’appréhension d’une doctrine stratégique dont certains aspects demeurent voilés d’incertitude. Au reste, en matière de dissuasion, l’incertitude – sous réserve d’être délibérée – constitue un facteur d’efficacité non négligeable sinon indispensable. Essayons cependant de faire le point des concepts stratégiques américains tels qu’ils se dégagent, un an et quelques mois après l’accession à la Maison Blanche du Président Carter.
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