Vingt ans d’économie mondiale
« La fin de l’économie est humaine. L’homme ne vit pas pour travailler ; il travaille pour vivre. Le monde occidental ne peut admettre certaines mesures prises de l’autre côté du Rideau de Fer (…). En France, le Parti communiste devient presque plus un parti d’intellectuels qu’un parti ouvrier ». En lisant ces lignes, extraites des toutes dernières phrases de l’épais volume présenté par l’ingénieur général Ottenheimer, on pourrait penser qu’il s’agit d’une théorie politique. Il n’en est rien cependant ; mais, écrit aussi l’auteur dans son introduction, « les doctrines conduisent à l’action politique et celle-ci sera correctement menée ou non si la doctrine est appliquée dans les conditions politiques, financières, monétaires, économiques qu’elle entraîne ».
L’objet de l’ouvrage est en conséquence d’étudier les différents aspects des questions économiques dans le monde moderne. On se doute que sa lecture n’est pas un délassement : il s’agit d’une œuvre de fond ; le résumé de la table des matières rendra compte, mieux que toute analyse que défie la nature même du livre, de l’étendue des sujets qui y sont traités. L’auteur présente d’abord les organismes financiers internationaux, qu’ils soient à vocation mondiale, européenne ou régionale. Puis après avoir fait un rapide historique de l’organisation économique internationale, il étudie la Communauté européenne économique. Son attention se porte ensuite sur l’évolution du commerce international et sur les grands problèmes monétaires : liquidités internationales, problèmes de l’or et du dollar, étalon-or et étalon de change-or, réforme du système monétaire international, salaires et prix, théories monétaires, change et convertibilité, inflation, investissements, épargne, crédit, intérêts.
Ces différentes questions se prêtent difficilement à une synthèse. Les variables qui y jouent un rôle important et souvent prédominant sont nombreuses et diverses, différentes au surplus dans chacun des domaines envisagés. Il faut tout de même que l’action s’appuie sur des données aussi rapprochées que possible de la réalité des faits, ce qui est fatalement pragmatique. La science économique ne peut venir qu’imparfaitement à l’appui de l’action politique et administrative ; mais il est pourtant nécessaire qu’elle leur apporte son aide, dans toute la mesure du possible.
Un ouvrage, tel que celui-ci, fournit, dans des questions par essence difficiles et complexes, un élément de clarification dont il est certainement inutile de souligner et l’opportunité et la nécessité. Certes, il s’agit d’un ouvrage technique ; mais il est accessible à tous ceux qu’intéressent les problèmes du monde actuel et ceux de ses transformations.