Île Maurice, creuset de l’océan Indien
L’Île Maurice, l’ancienne Île de France, serait sans doute encore française et formerait un département d’outre-mer, si Talleyrand, au Congrès de Vienne, avait refusé de l’échanger pour les comptoirs de l’Inde.
Cette île, qui a la forme d’une ellipse de 60 kilomètres sur 40, possède sur ses 1 865 km3 (approximativement la superficie de la Guadeloupe) une population de plus de 700 000 habitants, soit une densité de 853, qui augmente au taux annuel de 3 % par an. Son économie repose entièrement sur la culture de la canne à sucre, qui assure 97 % des exportations de l’île. On imagine facilement les problèmes que pose l’explosion démographique dans un pays si exigu, où la monoculture est reine.
Découverte par les Portugais au début du XVIe siècle, occupée pendant le XVIIe siècle par les Hollandais pour lesquels elle devint en 1652 une annexe de la colonie du Cap, puis abandonnée par eux en 1710, elle fut pendant quelques années un nid de pirates. Mais, en 1715, les Français l’occupèrent à leur tour et s’y implantèrent. La Bourdonnais l’organisa pour la Compagnie des Indes. Elle fut administrée directement par le pouvoir royal à partir de 1764. Les guerres de la Révolution et de l’Empire devaient la faire perdre à la France, en 1810, au profit des Anglais.
L’emprise française fut cependant assez grande pour se perpétuer jusqu’à nos jours. La langue parlée par la population est un créole proche de celui qui est parlé à La Réunion, malgré l’extraordinaire mélange de races qui s’y produisit pendant le XIXe siècle où Blancs, Noirs, Indiens, Métis, Chinois s’installèrent dans l’île.
S. Hassam A. Rassool a consacré à son pays natal cet ouvrage précis, clair, fervent, dont la lecture apprendra sans doute à beaucoup de Français ce qu’est devenue l’Île de France, qui bientôt va accéder à l’indépendance, et dont l’importance stratégique dans l’océan Indien ne doit pas être minimisée. ♦