L’Amiral de Grasse, héros de l’indépendance américaine
On discutera longtemps, sans doute, de la bataille navale des Saintes en 1782 (9-12 avril) où la flotte française, sous les ordres du Comte de Grasse, fut vaincue par celle de l’amiral Rodney. Cette défaite ne fut pas un désastre ; mais il ne faut pas en minimiser la portée : elle nous empêcha de conquérir, après toutes les autres possessions anglaises des Antilles, la grande île de la Jamaïque, et de remporter, dans la guerre de l’indépendance américaine, une victoire complète.
L’auteur, qui s’est fait le premier historiographe de son héros, voit dans la disgrâce de celui-ci une injustice. Notre époque l’a réhabilité, et son insuccès devant la flotte britannique fait partie d’un passé révolu.
Mais de Grasse est moins le vaincu des Saintes que le vainqueur de Chesapeake (5 septembre 1781). Cette incontestable victoire navale permit aux armées de terre franco-américaines, sous les ordres de Washington, de Rochambeau, de Lafayette, de faire capituler les Anglais à Yorktown (19 octobre 1781), et d’assurer ainsi l’indépendance des États-Unis ce qui au siècle suivant, changerait la face du monde. C’est là son principal titre de gloire, et Jean-Jacques Antier a raison de le souligner fortement dans son livre.
Celui-ci est documenté, fouillé de telle sorte que la figure de Grasse soit éclairée depuis sa naissance jusqu’à sa mort, dans ses divers aspects. On pourrait presque regretter une trop grande abondance, qui risque de faire moins nettement apparaître les traits essentiels du caractère de l’amiral. Le texte se lit aisément, rempli d’anecdotes et de récits de combats navals dont l’aridité technique est adoucie pour le grand public.
C’est une contribution utile non seulement à la connaissance d’un de nos grands hommes de guerre, mais aussi à celle des événements si nombreux de la guerre des grands espaces au XVIIIe siècle. ♦