Dossier secret des relations atomiques entre Alliés (1939-1945)
Les savants de plusieurs pays participèrent aux premières recherches qui devaient conduire à l’explosion de Hiroshima. Mais la guerre devait les séparer, non seulement entre les deux camps ennemis, mais aussi à l’intérieur du camp occidental. Margaret Gowing raconte minutieusement les péripéties multiples de la recherche atomique et les difficultés nombreuses d’une collaboration qui, au-delà des besoins militaires immédiats, visait déjà le temps de paix et l’exploitation pacifique des découvertes en cours.
Ces difficultés provenaient d’une part du scepticisme des hommes d’État et des chefs militaires, dont les savants durent en quelque sorte faire le siège pour les convaincre qu’il était possible de fabriquer l’arme nouvelle dans des délais raisonnables et leur faire craindre que ce ne fût l’ennemi qui la possédât le premier. D’autre part, elles trouvaient leur origine dans les immenses dépenses que cette recherche entraînait, dans l’approvisionnement en minerai, dans le choix des lieux de fabrication. Mais tout cela n’était que secondaire au regard de la difficulté principale : assurer le secret des travaux entrepris et de leur résultat, vis-à-vis de l’adversaire évidemment, mais aussi des alliés. C’est ainsi que les savants français, jugés peu sûrs – ils avaient eu à leur tête le professeur Joliot-Curie, resté en France, et considéré comme notoirement communiste – n’eurent qu’un rôle relativement effacé, malgré la somme de connaissances apportées par eux. Ce sont donc les conditions de la recherche, plutôt que la recherche elle-même sur le seul plan scientifique, qui en rendirent les débuts délicats.
L’édition française de cet ouvrage est une traduction et une adaptation de l’original anglais ; elle est due à Bertrand Goldschmidt, qui fut un des savants de l’équipe française.
On lira ce livre tout autant pour ce qu’il apporte de révélations et de précisions sur le passé, que pour mieux comprendre comme s’est présentée, après la guerre, dans un contexte de compétition, la recherche atomique proprement française et les difficultés qu’elle a rencontrées en raison du refus des Américains de l’aider des connaissances et de l’expérience qu’ils avaient acquises. ♦