La Révolution française et la formation de l’Europe moderne
Contrairement à ce que pourraient laisser penser son titre et celui de la collection dans laquelle il est publié, cet ouvrage est moins de nature historique que politique. L’auteur, en effet, poursuit une longue démonstration des conséquences de la Révolution française sur l’Europe pour aboutir au regret que la France n’ait pas encore ratifié la Déclaration européenne des Droits de l’homme dont le texte fut signé à Rome le 4 novembre 1950.
La thèse peut sommairement se résumer ainsi. Les principes du christianisme ont été répandus en Europe par l’Église et se sont si intimement incorporés aux mœurs qu’ils ont subsisté sans elle. Les moralistes anglais et plus encore les moralistes français du XVIIIe siècle leur ont donné une nouvelle formulation, qui devait être à l’origine de la Révolution et de son acte principal, la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen. Ayant été exprimés en France par des formules de portée universelle, ces principes devaient s’étendre sur toute l’Europe, au cours du XIXe siècle, et révéler aux peuples « leur vocation à l’individualité nationale », d’où naquirent tant de rivalités et de guerres. Mais après 1945, c’est dans le sens du regroupement de l’Europe qu’allaient jouer ces mêmes principes, par une sorte de reflux de leurs premiers effets.
Quand les peuples européens se sont écartés des principes français de 1790 pour se livrer au communisme ou au totalitarisme, ils ont trahi l’esprit de la Révolution française, qui synthétisait la civilisation occidentale. Une Europe nouvelle ne peut naître et vivre que selon les bases philosophiques sur lesquelles s’appuya notre révolution, et qu’elle trouva elle-même dans des idées préexistantes, car l’histoire est une continuité, dans laquelle un phénomène aussi important que la Révolution française n’est qu’une crise de croissance. L’avenir de l’Europe est dans une Fédération de peuples conservant leurs particularismes nationaux sous des institutions supranationales.
Malgré quelques longueurs, quelques développements qui ne paraissent pas indispensables à la thèse soutenue, ce livre se lit aisément et fournit de nombreux aperçus intéressants sur l’histoire et sur l’actualité. ♦