Stalingrad
Le général Eremenko – qui devait être promu maréchal en 1955 – a commandé, à partir des premiers jours d’août 1942, d’abord le « Front Sud-Est », puis l’ensemble des deux fronts « Sud-Est » et « Stalingrad ». Près de lui se trouvait Nikita Khrouchtchev, en qualité de « membre du soviet » des deux fronts. Les souvenirs du commandant des forces russes qui eurent à faire face à l’attaque allemande, puis à riposter et à en assurer l’encerclement, portent sur la période de cinq mois du 1er août au 31 décembre 1942.
L’ouvrage du général Eremenko est une relation militaire des faits. Nous ne la suivrons pas dans ses détails, où l’auteur indique qu’il eut, dès sa prise de commandement, l’idée de sa manœuvre future, insiste sur la faiblesse numérique et le manque de préparation des unités qu’il eut sous ses ordres, et expose que la défaite allemande aurait été consommée dès novembre 1942 si le Haut Commandement russe avait accepté ses propositions pour la contre-offensive.
L’exposé est très vivant, fait dans un style clair, émaillé de nombreuses anecdotes qui permettent de voir les combattants des deux camps en action ; de nombreux rapports de subordonnés ou documents saisis sur des prisonniers s’intègrent dans le texte, ainsi que des proclamations ou adresses diverses aux combattants ; mais il n’est pas donné de copie d’ordres russes, alors que figurent de nombreux extraits des directives allemandes.
Très souvent, l’auteur souligne ses opinions sur les procédés tactiques employés de part et d’autre, en fait la critique, exprime ses préférences, qu’il s’agisse de questions d’ensemble ou de points de détail. À ce titre, ce livre pourrait être un manuel, si, comme le reconnaît l’auteur lui-même, la forme de la guerre n’avait pas été profondément modifiée depuis le temps de Stalingrad.
C’est donc un document de première main sur les mois et les événements les plus graves de la dernière guerre. ♦