Gœring
Il ne faut évidemment pas s’attendre à trouver, sous la plume de l’épouse de Gœring, un portrait de celui-ci semblable à ceux que brossent les ouvrages historiques. C’est d’ailleurs ce qui fait l’intérêt de ce livre, écrit de façon très simple, par une femme qui n’entre pas dans les considérations de haute politique, et qui tente de justifier son mari et d’éclairer sa mémoire par le récit de leur vie commune. Un tel témoignage est loin d’être inutile car il présente un homme sur lequel pèsent tant de graves responsabilités sous l’aspect quotidien d’un mari et d’un père.
Certes, Emmy Gœring veut laver la mémoire de son époux de tout soupçon d’avoir participé aux abominations des camps de représailles, d’avoir suivi aveuglément Hitler. Certes, elle insiste sur le désaccord de plus en plus large qui sépara Gœring du Führer au cours des deux dernières années de la guerre. Certes, elle souligne à quel point les grands de ce monde manifestaient de sympathie pour le Maréchal Gœring, lorsqu’il était au faîte de sa puissance. Elle raconte aussi combien les services américains furent sévères pour elle et sa fille lorsqu’elles furent emprisonnées et restèrent sans nouvelles précises de Gœring, alors que se déroulait le procès de Nuremberg, à la fin duquel il devait se suicider.
Ce que l’on retiendra de ce livre, c’est davantage le portrait de l’homme chez lui, l’envers, en quelque sorte, de ce que voyait le public et de ce que l’histoire a conservé. C’est aussi un témoignage sur la vie de l’époque en Allemagne, témoignage incomplet mais non sans valeur. En résumé, un livre dont la lecture est attachante, tant en raison de son sujet que de la façon directe et simple dont il est traité. ♦