Politique et diplomatie - Politique extérieure et politique intérieure
Il est commun de constater que politique extérieure et politique intérieure interfèrent. On a également relevé que cette interférence est plus manifeste dans les régions démocratiques caractérisées par un débat contradictoire public entre partis et personnalités que dans les régimes à parti unique, encore qu’elle y existe probablement aussi sous une forme différente.
Aux États-Unis, je l’ai noté à diverses reprises dans des articles parus ici-même, des questions de politique extérieure influent de manière souvent décisive sur les attitudes en politique intérieure. Ainsi, les positions prises par l’administration Carter à l’égard du gouvernement de Jérusalem dans la conjoncture présente risquent d’influer sur les résultats des élections qui, en novembre prochain, vont renouveler un tiers du Sénat et la totalité de la Chambre des Représentants. Et il en va de même des résultats éventuels de la négociation en cours sur la limitation des armes stratégiques (SALT II) ; de telle sorte que le Président Carter serait fondé, à supposer même qu’un accord puisse être conclu avant l’automne, à ne le rendre public qu’après le scrutin de novembre. Le Président Carter a en effet besoin, à court terme, de l’appui du Congrès pour mener à bien quelques-uns de ses projets essentiels en politique extérieure (et parmi ceux-ci la ratification d’un nouvel accord – puisque le premier est expiré – sur les armes stratégiques) : à plus long terme, dans la mesure où il peut légitimement postuler un second mandat présidentiel, il lui faut conserver le soutien de l’opinion publique de son pays. Dans cette perspective, l’évolution des relations avec Israël et plus généralement de la situation au Proche-Orient, est d’une extrême importance. En effet, l’opinion américaine, pour des raisons qui tiennent au sentiment plus qu’à l’analyse froide et réaliste des intérêts, demeure sensibilisée à tout ce qui paraît affecter le destin de l’État d’Israël.
Ces considérations, et en un mot l’obligation dans laquelle se trouve le Président de louvoyer sur le front de sa politique intérieure, expliquent sans doute dans une large mesure les oscillations d’une politique extérieure qui paraît caractérisée par son ambiguïté et qui plonge dans l’incertitude les experts et les gouvernements.
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