Après « l'arme du pétrole » verra-t-on celle du cacao ou du cuivre ? La même manœuvre qui a réussi aux États arabes pétroliers après 1973 est-elle à la portée de certains pays en voie de développement producteurs de matières premières importées par le monde industriel ? L'auteur définit six critères auxquels doit satisfaire une cartellisation efficace portant sur de telles matières et il étudie la situation qui pourrait en résulter si elle était appliquée sur l'un ou l'autre des trois domaines : matières premières minières, produits agricoles alimentaires, et enfin matières premières agricoles. Une nouvelle organisation du commerce mondial s'impose pour éviter une guerre économique dont en définitive personne ne sortirait vainqueur.
Actualité économique - Cartellisation potentielle et évolution prévisible des marchés des produits de base
Les pays du Tiers Monde sont apparemment en position favorable sur un certain nombre de marchés de produits de base face à leurs partenaires commerciaux industrialisés ; cependant, ils n’ont pas eu la possibilité d’imposer leur volonté quant aux prix ou aux quantités offertes, ni même de faire valoir leur point de vue quant à la défense de leurs intérêts. Jusqu’ici, en effet, les différentes conditions nécessaires à la réussite d’une opération de cartellisation n’ont pu être remplies. L’évolution prévisible des marchés des produits de base ne laisse d’ailleurs pas entrevoir la possibilité d’une situation plus favorable. Il reste cependant qu’une nouvelle organisation du commerce mondial entre pays pauvres et pays riches apparaît comme urgente et nécessaire : elle devra faire une place aux thèses des pays du Tiers Monde, sous peine d’aboutir à un affrontement qui ne pourrait qu’être désastreux pour tous.
Les tentatives faites par les pays en voie de développement (P.V.D.) pour imposer un prix ou une organisation du marché qui leur soit plus favorable ont presque toutes échoué. L’exemple du pétrole est unique et ne peut en aucune manière être appliqué à l’ensemble des matières premières. Nous pouvons essayer de dégager les conditions dont la réalisation est nécessaire pour qu’une opération de cartellisation ait des chances d’aboutir : c’est en effet parce qu’il réunit la plupart d’entre elles que le marché pétrolier a permis le succès de l’O.P.E.P.
Le produit en question doit avoir une grande importance stratégique pour les pays consommateurs. Sa valeur monétaire n’est pas en cause de prime abord, mais sa place dans l’économie l’est : le pétrole remplit tout à fait cette condition, mais l’étain aussi dans une moindre mesure (aucun métal, même le fer ou l’aluminium ne peut toutefois avoir la place centrale qu’a l’énergie dans l’économie, et actuellement, le pétrole est la source d’énergie par excellence). L’énergie est l’élément moteur de l’économie des pays développés : comparées à son importance, les autres matières premières ne peuvent jouer qu’un rôle secondaire où les substitutions et la concurrence sont toujours possibles.
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