Les Musulmans d’Afrique noire
Dans la même collection où sont parus les ouvrages de Pierre Rondot sur le monde musulman, voici un livre important de son plus proche collaborateur au Centre des hautes études sur l’Afrique et l’Asie modernes (CHEAM). Tous ceux qui ont entendu, au cours de ces dernières années, les conférences de Jean-Claude Frœlich sur l’islam en pays d’Afrique noire seront satisfaits d’en voir groupées les données principales dans un ouvrage de consultation facile, que complètent des annexes fort clairement présentées.
L’étude de Jean-Claude Frœlich, qui porte davantage sur des questions d’un intérêt tout actuel que sur le passé, comprend trois parties. La première est consacrée à l’histoire de l’islamisation de l’Afrique noire ; la deuxième à l’étude des caractères propres à l’islam noir ; la troisième enfin aux tendances modernes de l’islam en Afrique noire.
Sur ce plan simple et logique, l’auteur peut, sans reprendre les travaux de ses prédécesseurs, donner un ensemble d’idées précises sur le phénomène d’assimilation et de transformation de l’islam par les Noirs. Ceux-ci, tolérants par nature, profondément imprégnés des tendances préislamiques qui continuent de se faire sentir et de coexister dans les milieux d’aujourd’hui, peu instruits et par conséquent peu aptes à suivre les raisonnements complexes de toute théologie, surtout lorsque, comme l’islam, elle se confond avec une civilisation, désireux de suivre des chefs dans les mains desquels ils abdiquent leur indépendance intellectuelle et spirituelle, ont évidemment donné à l’islam des caractères tout particuliers, très différents de ceux qu’il revêt en Orient et en Afrique du Nord. Le nationalisme, l’indépendance politique, le développement du nombre des gens instruits, mais frottés de civilisation européenne ou marxiste, viennent dans ces dernières années d’apporter un facteur nouveau qui orientera sans doute l’islam noir vers de nouvelles voies.
La matière de cet ouvrage est, comme on le voit par ce rapide résumé, particulièrement riche. Il ne semble pas nécessaire d’insister davantage pour en souligner l’intérêt, tant sur le plan scientifique que sur le plan des préoccupations les plus actuelles. ♦