Tempête sur le Laos
Proche parent et ami du Prince Boum Oum, collaborateur du Prince Souvanna Phouma, ancien ministre, puis délégué du Laos aux Nations unies, l’auteur était tout désigné par ses hautes fonctions gouvernementales et diplomatiques pour tenter, comme il dit dans son avant-propos, une esquisse des événements auxquels il a été directement mêlé. Il le fait « sans préjugé et sans passion », sans passer sous silence les fautes qu’ont pu commettre les différents gouvernements laotiens (il qualifie même l’une d’elles de « la plus lourde gaffe diplomatique qu’un gouvernement ait pu commettre »). Et ce n’est pas son moindre mérite que d’avoir réussi à jeter quelque clarté sur cette suite ininterrompue de crises politiques, d’intrigues et de guérillas, dans lesquelles se perdrait facilement le non-initié.
Signalons notamment la pittoresque relation de la mission – dont il faisait partie – du Prince Souvanna à Pékin en 1957, la naissance et le développement du Pathet-Lao, ses succès ou ses revers, l’action intermittente ou continue marquée par des infiltrations sournoises, des replis et des reprises stratégiques ou tactiques des éléments vietminhs. Et aussi un certain nombre de jugements, sévères pour la Conférence de Genève (1954) et la Commission de contrôle de l’armistice, élogieux pour M. Hammarskjöld [secrétaire général de l’ONU de 1953 à 1961], « cet éternel pétrel des tempêtes internationales », ou pour la politique britannique, réservés et parfois teintés d’une certaine amertume envers la France, non sans reconnaître toutefois, en dépit de certaines critiques, que son protectorat est resté débonnaire, et que sa colonisation n’a jamais pris au Laos un caractère violent et agressif.
Après quelques rapides chapitres rétrospectifs, l’auteur mène principalement son récit depuis la Conférence de Genève jusqu’aux « journées sanglantes » de décembre 1960. Il se pose, en conclusion, la question : neutralité, neutralisme, communisme. Il ne voit qu’une solution possible, celle de la neutralisation, qu’un seul homme susceptible de symboliser cette politique, le Prince Souvana Phouma. L’actuel piétinement de la seconde conférence de Genève montre combien il semble difficile, en faisant entier la neutralisation dans les faits, d’apaiser cette malheureuse, et peut-être dangereuse Tempête sur le Laos. ♦