Les cents jours de Normandie
De nombreux ouvrages ont paru récemment sur le débarquement de 1944 en Normandie. Généralement, ils en ont traité les aspects techniques ou anecdotiques. Le livre de l’amiral Lemonnier a un autre but : celui de donner, des opérations qui se sont déroulées du 6 juin au 15 septembre 1944 – pendant « les cent jours » – un résumé précis, faisant la part des plans stratégiques et de leur exécution, illustrant les faits de quelques anecdotes, et mettant en relief, tout en les incorporant à l’ensemble de la manœuvre, le rôle des unités françaises des trois armées qui prirent part au débarquement ou participèrent aux opérations ultérieures.
L’auteur avait publié en 1954 une première étude sur cette question, intitulée Paisible Normandie. L’ouvrage qu’il nous donne aujourd’hui est une version nouvelle de ce premier travail, augmentée et plus encore enrichie par la documentation abondante et sérieuse parue depuis 1954 sur les opérations qui permirent la victoire. L’amiral Lemonnier a eu la bonne fortune de recevoir directement le témoignage de la plupart des grands chefs qui commandèrent les forces alliées, et le poste qu’il occupait le désignait évidemment pour traiter son sujet avec une toute particulière compétence.
Il en résulte un livre fort clair, d’une lecture facile et que de nombreux croquis rendent plus aisée encore, livre destiné au grand public, mais que les militaires consulteront avec fruit comme un guide sûr et simple dans l’histoire complexe d’opérations difficiles.
Si les grands traits de la manœuvre – de la campagne de France, dont les « cent jours de Normandie » forment la partie la plus importante – sont connus de tous ceux qui ont vécu cette période, il n’en est pas de même de ceux qui, plus jeunes, mais arrivant déjà à l’âge d’homme, étaient alors des enfants ; il est bon pour les premiers et plus encore pour les seconds que cette histoire abrégée soit écrite.
Mais il est bon également que les conclusions de l’amiral Lemonnier soient méditées ; elles portent essentiellement sur le caractère unique d’une opération de débarquement, le succès de l’une ne garantissant nullement celui de l’autre, sur la possibilité de mener à la victoire des armées formées de contingents nationaux, même contre un ennemi qui bénéficie de l’unité de commandement et de doctrine, sur la puissance du matériel et la nécessité de l’employer intelligemment. Cette « critique » d’une opération gigantesque est dépourvue de toute technicité, résumée, elle aussi comme l’ensemble de l’ouvrage, et exprimée en termes simples et accessibles à tous. ♦