Bongouanou, Côte d’Ivoire
Bougouanou est une subdivision du cercle de Dimbokro, en Côte d’Ivoire, à la limite septentrionale de la zone forestière. Elle est peuplée par des Agni, au nombre de 36 000, et des immigrants venus du Soudan, de la Guinée, de la Haute-Volta et des régions voisines de la Côte d’Ivoire, au nombre total de 18 000. La subdivision de Bougouanou est riche de ses plantations de cacao et de café.
Une enquête y a été faite de février 1955 à avril 1956 sur la nutrition et le niveau de vie de la population. Elle avait également pour but de fixer les méthodes à utiliser dans les recherches de ce genre. Le présent livre en donne les résultats, sous une forme accessible au grand public.
On ne saurait trop conseiller à tous ceux qui s’intéressent aux problèmes humains et à l’Afrique de lire cet ouvrage, court et dense. Bien qu’il ne porte que sur une toute petite fraction de la population africaine, trop restreinte à coup sûr pour que ses résultats puissent être extrapolés, il fournit une image vivante et chiffrée à la fois d’un genre de vie en évolution au contact de la civilisation moderne et dans une ambiance de relative aisance. L’Agni, se considérant depuis toujours comme supérieur à ses voisins, sauf à ceux qui, au Ghana, représentent la souche dont il est issu, accueille volontiers les nouveautés qui confirmeront cette supériorité qu’il se reconnaît à lui-même : dans le domaine des cultures, où il adopte les grandes cultures d’exportation, de l’habitat, où il désire une maison plus confortable que les cases traditionnelles et se rapprochant des normes européennes, de la religion, où il se convertit au christianisme. Il en résulte une transformation certaine et déjà notable du genre de vie et même de la structure sociale.
Les immigrants – manœuvres saisonniers, cultivateurs qui tentent de s’implanter sur cette terre riche, commerçants et artisans installés dans les centres – participent très inégalement à cette transformation, et restent des étrangers dans un milieu social et racial qui ne les absorbe pas.
Ce tableau d’un coin de « brousse » révélera certainement un aspect que ceux des lecteurs qui ne connaissent pas l’Afrique étaient sans doute loin de soupçonner. Aux autres, il apportera des statistiques du plus haut intérêt, qui pourront servir à une meilleure connaissance du milieu africain. Il sera ainsi utile à tous, et il est souhaitable que de nombreux ouvrages de ce genre nous permettent de mieux connaître et de mieux comprendre les hommes et les problèmes de la Communauté. ♦