Histoire de la Gaule romaine
Le sous-titre de cet ouvrage est « Colonisation ou colonialisme ? », ce qui indique l’esprit dans lequel l’auteur l’a écrit. Il s’en explique très clairement dans son avant-propos, et Jérôme Carcopino, dans sa Préface, ne manque pas de le souligner et d’appeler l’attention des lecteurs sur son originalité.
L’auteur s’est demandé pourquoi la Gaule, tout en restant fidèle à ses traditions, a été si rapidement romanisée ; pourquoi après le grand sursaut national écrasé par César, il n’y eut pratiquement plus de révoltes ; enfin pourquoi elle a volontairement opté pour son rattachement à l’Empire Romain moins de cent vingt ans après la conquête, alors que la situation troublée aux frontières rhénanes lui facilitait la reprise de son indépendance. Son livre n’apporte pas la réponse définitive à ces deux questions, mais pose au moins, espère Jean-Jacques Hatt, des jalons vers les solutions.
Faut-il avouer qu’après avoir lu ce livre avec le plus grand intérêt, nous avons été déçus de ne pas y trouver une réponse aussi claire que nous l’espérions. L’auteur estime que les contacts prolongés que la Gaule eut avec l’hellénisme, avant la conquête romaine, la préparèrent parfaitement à s’intégrer dans l’Empire, tout en gardant son originalité. L’explication est séduisante, mais ne laisse-t-elle pas un peu dans l’ombre les méthodes colonialistes, puis colonisatrices, puis assimilatrices que Jean-Jacques Hatt distingue successivement dans le comportement des Romains vis-à-vis de la Gaule ? Le lecteur restera peut-être, comme nous, « sur sa faim ». Il n’en goûtera pas moins la valeur de synthèse de cette histoire de près de six cents ans, condensée en un seul volume.
En fermant le livre, on est conduit à se demander si les faits de ce lointain passé éclairent véritablement ceux du présent, et si réciproquement, l’actualité que nous vivons peut objectivement nous faire mieux comprendre les événements d’autrefois. Notre temps est tellement différent du monde des siècles passés, qu’il est bien difficile de bâtir une thèse sur des analogies certaines, mais qui ne sont que des analogies et non des similitudes. ♦