Abd-el-Kader le croyant
L’essentiel de ce livre tient dans son titre. Abd-El-Kader est avant tout un croyant. Il n’est pas un agitateur politique. Lorsqu’il prend les armes contre les Français il le fait pour défendre sa religion qu’il croit menacée par un adversaire dont il ignore à vrai dire les intentions profondes. Aussi bien lorsqu’il acquiert la conviction que de ce Maghreb central, meurtri et divisé par la guerre traditionnelle des clans, la France veut faire un grand pays, il se rend et devient pour son ennemi de la veille un ami sûr et un conseiller plein de sagesse, sincèrement désireux de rapprocher l’une de l’autre, deux communautés qu’à ses yeux rien de grave ne sépare.
« Si les musulmans et les chrétiens me prêtaient l’oreille, dit-il peu de temps avant sa mort, je ferais cesser leurs divergences et ils deviendraient frères, à l’intérieur et à l’extérieur. »
On ne lira pas sans émotion les paroles de l’Émir qui nous sont rapportées et qui révèlent une élévation de pensée et une grandeur d’âme vraiment exceptionnelles. On sera littéralement saisi par le caractère actuel de certaines d’entre elles. « Nous devons, écrit notamment en 1852 Abd-El-Kader au maire d’Amboise, nous regarder aujourd’hui comme Français, par l’amitié et l’affection qu’on nous témoigne et par les bons procédés qu’on a pour nous ».
Sachons gré à Philippe d’Estailleur-Chanteraine d’avoir projeté avec beaucoup de bonheur, de sensibilité et de talent une lumière nouvelle sur la personnalité si attachante du Prince des Croyants. ♦