La politique du patronat français : 1936-1955
Dans un ouvrage copieux, un auteur américain étudie avec soin la structure et l’évolution du patronat français, et tente d’en expliquer la politique au cours des années qui se sont écoulées entre le Front populaire et les signes avant-coureurs de la fin de la IVe République. Il fallait un réel courage pour entreprendre un pareil travail sur une époque encore si proche de nous, et essayer de remonter aux causes alors que les effets sont de pleine actualité ; car l’ambition de l’auteur n’était nullement de prendre parti, et moins encore de faire une œuvre du moment ; elle visait à donner la première étude scientifique, basée sur une analyse très détaillée, et suivant les règles les plus objectives et les plus éprouvées en la matière.
Le lecteur ne doit pas être découragé à l’avance par l’austérité du sujet et l’épaisseur du livre. Celui-ci se lit très facilement, même dans ses parties les plus techniques. Il a peut-être cependant quelques longueurs, un certain nombre de redites, défauts mineurs au demeurant.
Le trait principal qui ressort de cette minutieuse analyse, c’est la faiblesse du patronat français, son impuissance à s’affirmer dans une organisation solide, les difficultés qu’il rencontre à prendre une grande place dans le pays, ses divisions internes et l’insuffisance de sa foi en sa mission. De nombreux jugements sont sévères, encore que souvent nuancés. L’auteur n’est pas un louangeur.
Il y a certainement à tirer de ce livre des enseignements des plus intéressants sur l’histoire récente de notre pays. La façon dont un étranger, qui ne dissimule pas son attachement à la France, la juge, ne peut laisser indifférent. ♦