L’économie de l’Algérie
Il a été déjà rendu compte, à plusieurs reprises, dans ces colonnes, des publications des « Cahiers de la Fondation nationale des Sciences politiques ». Voici un nouvel ouvrage de valeur, qui s’ajoute à tant d’autres. Il est d’une actualité singulière, comme son titre permet de le deviner. C’est une étude sur les conditions dans lesquelles un pays sous-développé et saisi d’une crise de croissance démographique, telle l’Algérie d’aujourd’hui, peut trouver sur le plan économique remède à ses problèmes.
L’auteur fait d’abord l’inventaire des richesses économiques algériennes, du point de vue quantitatif, puis en insistant sur les « déséquilibres » qui proviennent de l’inégal développement de la population et des productions, du sous-emploi de la main-d’œuvre largement disponible, du financement des investissements, de la structure de la population active, de son niveau faible de vie.
Ce n’est qu’ensuite qu’il tente d’expliquer les raisons profondes et réelles de ce sous-développement et de ce manque d’équilibre. Il les voit dans la faiblesse des ressources naturelles, dans le prix trop élevé de l’énergie, dans l’insuffisance ou l’inadaptation des transports, et enfin dans la forte démographie. Mais il les trouve aussi dans les facteurs psychologiques : attitude de l’Islam vis-à-vis du développement mais que freinent la civilisation, les habitudes, les traditions ; comportement des colons et plus généralement des Européens installés en Algérie. Cette étude comporte une vue d’ensemble, puis une analyse détaillée par région.
Enfin, René Gendarme propose des remèdes à la situation qu’il a si complètement définie ; c’est la partie constructive de l’ouvrage, ou l’auteur fait une critique du « plan de Constantine » pour conclure d’ailleurs à son efficacité d’ensemble, et à son aménagement sur différents points.
Nous sommes là au cœur du sujet. Cette étude objective et cette opinion assise sur des faits méritent largement l’attention des lecteurs, auxquels nous ne saurions trop recommander cet ouvrage. ♦