Humanité et subsistances
L’étude présentée dans ce livre porte sur les possibilités de subsistance d’une humanité dont l’effectif se développe rapidement. Il s’agit d’un travail très sérieusement documenté. Après avoir indiqué quels sont les besoins alimentaires des hommes et les ressources actuelles du monde, compte tenu de l’évolution passée de la population et des cultures, ayant prouvé que le monde ne mange « à sa faim » que dans des zones d’étendue réduite, l’auteur analyse les possibilités d’augmentation de la production en la comparant au développement démographique probable dans les prochaines années. Il estime que la situation alimentaire sera certainement beaucoup moins favorable en l’an 2000 qu’elle ne l’est actuellement, ou plutôt qu’elle sera nettement plus défavorable.
Sur ces bases, étayées sur des calculs et des probabilités, il propose des remèdes, en écartant ceux qui lui semblent inapplicables ou utopiques. Il est impossible de satisfaire aux besoins d’une humanité en large crise de croissance ; l’augmentation des productions a une limite, mais elle est inférieure à celle qui assurerait une suffisante alimentation. On peut trouver des solutions provisoires qui retarderont légèrement l’échéance qui attend inexorablement l’humanité, celle où il deviendra absolument impossible de nourrir les hommes en suffisance ; mais ces solutions ne sont pas de véritables remèdes. Le seul remède est de modérer le développement démographique.
Résumer ainsi un livre aussi dense est certainement en quelque sorte en trahir la pensée. On ne peut que recommander la lecture de ce livre, présenté de façon particulièrement séduisante et claire ; chaque lecteur pourra alors se faire une opinion, ou tout au moins pourra prendre conscience de ce qu’avec raison l’auteur appelle « le problème n° 1 ». On sait, par ailleurs, que d’autres savants contestent la conclusion à laquelle aboutit M. André Guerrin ; c’est une raison, dans une question aussi importante, pour tenter de s’éclairer et d’étayer son propre jugement en tenant compte des arguments divers qui se heurtent dans une controverse d’un intérêt capital. ♦