Le rêve de paix universelle a connu tant d'échecs qu'on peut se demander si la session spéciale que les Nations unies ont récemment consacrée au désarmement ne viendra pas seulement s'ajouter à la liste des tentatives infructueuses de l'humanité pour prévenir le fléau de la guerre. Ce qui caractérise cette session, c'est que l'affaire échappe dorénavant à l'hégémonie des deux seuls Grands – même si leur dialogue nucléaire se poursuit dans les négociations SALT II. Ce sont les non-alignés qui ont obtenu la réouverture du dossier dans le cadre des Nations unies et ce sont eux qui tiennent tète aux puissances nucléaires et contestent le caractère discriminatoire des systèmes de non-prolifération.
L'on peut donc se demander si, dans ce domaine comme dans tant d'autres, le clivage Est-Ouest ne va pas faire place à la confrontation Nord-Sud. Cependant, la remise en cause de la domination des supergrands qui assuraient jusqu'ici la co-présidence de la conférence du désarmement de Genève rejoint les vues françaises et reçoit également l'appui de la Chine. Toutefois, il serait illusoire de croire que les Nations unies résoudront plus aisément les problèmes que ne l'a fait jusqu'ici le tète-à-tête russo-américain qui n 'a nullement freiné la course aux armements les plus sophistiqués et les plus coûteux et n'a pas empêché, bien au contraire, les transferts massifs d'armements classiques vers les pays en voie de développement.
Le texte de l'Acte final de la session spéciale des Nations unies n'a reçu le consensus des participants qu'au prix de bien des réserves et des ambiguïtés d'interprétation. Reste cependant qu'un grand progrès a été accompli en ce sens qu'un accord général s'est dégagé pour la réforme des mécanismes d'étude et négociation du désarmement dans le cadre d'organismes dépendant de l'ONU. Ceci permet de relancer l'entreprise sur des bases plus saines au nouveau comité de Genève. Par ailleurs, la France ne peut que se féliciter de voir le document final reprendre à son compte certaines des propositions qui figuraient dans le plan présenté en mai dernier aux Nations unies par M. Valéry Giscard d’Estaing.