L'Afrique offre-telle le champ libre aux dirigeants soviétiques pour y conduire une politique de pénétration idéologique et de déstabilisation ? L'auteur poursuit une recherche sur les grandes puissances et l'Afrique. Sa thèse va, en bien des points, à l'encontre de ce qui s'affirme ici ou là. Pour mener à terme son analyse, il ne prend pas seulement en considération les récents événements mais rappelle les déconvenues de l'URSS en Afrique depuis le début de l'émancipation de ce continent. On voit ainsi succéder à une diplomatie où la dimension idéologique a été non négligeable, une période de repli après l'échec, puis une stratégie du coup par coup mettant à profit les conflits locaux. Ce nouveau dispositif d'intervention au sein duquel Cuba joue un rôle capital est certainement mieux approprié mais est-il pour autant plus efficace ? Une question à laquelle l'auteur répond en mettant en évidence les facteurs qui viennent tempérer l'actuelle politique soviétique en Afrique.
Les limites de la pénétration soviétique en Afrique
Par suite du développement de quelques conflits africains la psychose de l’interventionnisme soviéto-cubain s’est accrue au point que certains sont allés jusqu’à affirmer que la troisième guerre mondiale avait commencé en 1975 en Angola. Elle est accompagnée de la renaissance de schémas politiques de type « Jdanovien » ou « Dullessien » qui ont malencontreusement altéré la réalité des choses. Or, pour tenter d’avoir une vue aussi claire que possible de la politique soviétique en Afrique, il convient de percevoir les facteurs de continuité et les intermittences de cette politique tout en cernant les obstacles qui la limitent.
Pour mieux saisir la politique soviétique en Afrique, un bref rappel historique n’est pas inutile. Initialement assez mince, la réflexion soviétique sur les problèmes africains ne s’est structurée qu’à la fin des années cinquante. Longtemps prisonnière de schémas idéologiques inadaptés à la réalité africaine, cette réflexion a toujours découlé d’une appréciation générale des rapports de force à l’échelle internationale et, dans cette perspective, la première date marquante est 1956, année où le XXe Congrès du PCUS optait pour :
– le soutien aux bourgeoisies nationales ;
– l’atténuation de l’importance du clivage bipolaire en intégrant cette réalité nouvelle qu’était le Tiers Monde ;
– la rupture du lien entre révolution sociale et révolution nationale.
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