J’ai vu vivre l’Amérique, de New York à Hollywood
Voici un livre d’une lecture fort agréable et fort instructive. Il y a plusieurs manières de découvrir l’Amérique ; l’une des plus confortables est sans doute de s’asseoir dans un bon fauteuil et de lire les notes et les souvenirs de voyage d’un auteur qui a su regarder, qui a été sensible à ce qu’il a vu, et qui sait le dire simplement.
Georges Blond aurait pu, comme tant d’autres, faire sur les États-Unis un ouvrage dense et doctement documenté ; ses œuvres précédentes en sont un témoignage certain. Il a préféré raconter les incidents banals de son voyage, c’est-à-dire raconter ses séjours dans les différentes villes, ses conversations avec ses hôtes ou avec ceux que le hasard a mis sur sa route, bref, les contacts quotidiens qu’il a pris avec les gens, les paysages et les choses. Il nous présente une Amérique familière, et pourtant tellement étrangère pour nous, où les différences d’avec ce qui nous est habituel apparaissent davantage de mille petits détails que de considérations générales.
Cette accumulation de traits divers, certainement choisis avec un art dont le lecteur ne s’avise qu’après coup, tant il est bien manié, est sans doute plus évocatrice que ne le serait une étude systématique. Le lecteur en saura, sinon davantage, du moins autant que s’il s’était plongé dans un épais volume dont l’auteur aurait consacré un chapitre à chaque question particulière, et multiplié les références.
Après avoir lu ce livre, on ne sait évidemment pas tout sur les États-Unis et sur les Américains. Mais on connaît une ambiance, une façon de vivre différente des nôtres ; et cette science a été acquise fort agréablement.
L’itinéraire de Georges Blond a compris New York, Montréal, Chicago, Denver, San Francisco, Los Angeles, puis New York à nouveau et Washington. On lira et on comparera avec intérêt les impressions du premier et du second séjour à New York, cette « planète », on sera vivement attiré par le court chapitre traitant du Canada, si peu semblable aux idées que l’on s’en fait couramment chez nous, on partagera avec l’auteur sa désillusion de Chicago, on appréciera certainement le récit de sa visite à Disneyland et de son séjour à Los Angeles-Hollywood. Et l’étrange scène de l’église d’Harlem, où les Noirs prient à leur manière, restera dans le souvenir du lecteur comme une hallucination.
Ce livre vaut certainement la peine d’être lu, surtout puisque cette « peine » est un si évident plaisir. ♦