M. Henry Contamine, qui s’est déjà fait connaître par de nombreuses études, et notamment, il y a quatre ans, par un livre apprécié : L’Europe est derrière nous, publie un volume sur l’évolution des idées militaires entre 1871 et 1914. L’ouvrage est dense et bien fourni ; la matière était riche, et le premier mérite de l’auteur est de l’avoir présentée avec beaucoup de clarté.

Comme l’auteur le dit lui-même, la période sur laquelle porte son étude semble maintenant profondément enfouie dans le passé. Mais il est bon de chercher dans une histoire encore récente, outre la connaissance des faits qui ont engendré l’actualité d’aujourd’hui, des sujets de réflexion qui peuvent fournir les constantes de la vie internationale.

Divisé en trois grandes parties d’importance égale : de 1871 à la guerre russo-japonaise, de celle-ci à 1914, puis août et septembre 1914, l’ouvrage nous fait suivre les incertitudes, les discussions, les hésitations de ceux qui, à l’époque, assumaient les plus hautes responsabilités militaires, mais aussi leurs réalisations, dans le domaine de la préparation d’abord, puis dans celui de l’exécution. Qu’il s’agisse de plans d’opérations, d’organisation, d’armement, le lecteur trouvera de nombreux exemples des idées qui furent échangées, et pourra en confronter la valeur aux faits, à « la sanction du feu ».

Certes, les moyens d’aujourd’hui sont bien différents de ceux d’il y a un demi-siècle. Mais les mêmes discussions, les mêmes scrupules, les mêmes crises de conscience se retrouvent. Il n’est pas inutile d’étudier comment les chefs du moment les ont résolus, et souvent dominés.

Le livre de M. Henry Contamine permet de disposer d’une synthèse qui, paraissant à un moment où les faits dont il traite sont suffisamment éloignés pour pouvoir être examinés sans passion, et suffisamment proches pour n’avoir pas perdu leur intérêt pratique, peut être d’une aide singulièrement efficace pour tous ceux qui ont à s’occuper des questions de défense nationale. ♦