Le Séjour interrompu
Ce roman, ou plutôt cette longue nouvelle, a pour cadre une ville du Sénégal, pour héros un jeune ingénieur que son caractère solitaire écarte du contact avec ses contemporains et qui transporte de France en Afrique son inaptitude à vivre en société. Autour de ce personnage central, l’auteur dépeint quelques-uns des habituels figurants d’une ville coloniale, fonctionnaires coloniaux et autochtones, et laisse deviner la masse de la population. Tout ce monde en miniature est décrit sans indulgence. Ceux qui méconnaissent l’ambiance coloniale d’autrefois, c’est-à-dire d’il y a une quinzaine d’années, seront sans doute surpris de la description qui en est faite, et diront volontiers qu’elle a été poussée au noir – sans jeu de mots. Est-ce pour sacrifier à la mode de l’anticolonialisme qu’André Dalmas a situé la scène capitale de son livre dans un « camp de travail » où les sévices sont la règle ? L’histoire est-elle construite à partir d’un fait précis, qui prend dans le roman une valeur générale de symbole ? Cette aventure singulière ne restitue pas l’atmosphère de l’époque, et ne saurait prétendre à représenter une situation d’ensemble ; dans la mesure où elle est exacte, elle ne saurait être qu’un fait divers, – heureusement. ♦