L’Europe à la conquête de l’Amérique
L’opinion publique américaine, dans son ensemble, ignore ce que l’Amérique doit à l’Europe. Cette dernière d’ailleurs connaît mal l’histoire de ses établissements sur le nouveau continent. Ajoutons que certains éléments de cette histoire ont marqué profondément le caractère américain. Ces raisons, jointes au fait que l’histoire d’ensemble de cette conquête est encore inédite donnent au livre de Raymond Cartier le plus grand attrait.
Comme il convenait, l’auteur étudie successivement le problème indien, les conquêtes espagnoles, françaises, hollandaises, suédoises et enfin anglaises. Il n’est pas excessif de dire que peu de période de l’histoire des hommes a exigé une telle dépense d’énergie, de courage, d’esprit de sacrifice. Les aventures des conquistadors Vaca, Coronado, de Soto, dépassent l’imagination. Que dire des découvreurs français Cartier et Champlain, des martyrs de la foi que furent Jogues, Jean de Brebeuf et les Jésuites de l’Huronie ? Il était bon que fut rappelée la douloureuse enfance du Canada, l’apostolat de Monseigneur de Montmorency-Laval, l’action efficace du régiment de Carignan-Salières et de l’Intendant Jean Talon, l’extraordinaire histoire de La Salle, découvreur et victime du Mississippi. Pour modeste qu’elle soit, la part des Hollandais et des Suédois mérite d’être citée. À l’occasion des luttes religieuses l’immigration anglaise devient la plus importante et sa prédominance s’inscrit rapidement. Très tôt aussi apparaissent au sein des colonies anglaises des antagonismes avec la métropole. Un esprit nouveau se crée dont les manifestations portent en germe l’indépendance. Mais c’est le conflit avec la France qui la retardera. Le livre s’achève donc en 1689, au moment où éclate cette guerre. Elle durera cent ans et, dit Raymond Cartier « (…) jusqu’à conclusion imprévue qui fera deux vaincus des deux belligérants… et de l’objet de la lutte – l’Amérique – le seul vainqueur ».
Cet ouvrage est d’un grand intérêt historique. Une très complète bibliographie permet d’en apprécier les sources. Il se lit en outre comme un roman passionné, vécu par des hommes plus grands que nature. ♦