Solitude du Ciel
Le risque semble être la raison de vivre de William Bridgmann, « Bill » pour ses amis. Pilote de la marine démobilisé, il se fait engager chez Douglas comme ingénieur-pilote d’essai. On lui demande alors la mise au point et l’expérimentation, à son plus grand rendement, du Skyrocket.
Nous ne retiendrons pas le côté technique des essais sur lesquels d’ailleurs « Bill » « gaze » avec une discrétion bien naturelle. Seule nous importe la confrontation de l’homme et de la machine, sur des trajectoires aériennes dont les caractéristiques correspondent à un « monde nouveau ». « Piège » merveilleux sans doute, mais aux réactions pleines de secret, le Skyrocket à turboréacteur et à fusées l’effraie parfois, mais le plus souvent l’attire. Chaque essai est comme une aventure, un duel avec la mort, qui, après l’atterrissage, le fait fuir vers la mer, vers l’oubli… « Me voici rentré, revenu dans le temps, dans l’espace, et dans les brèves années de vie qui me sont accordées… » Mais sa pensée ne peut se détacher de sa monstrueuse machine. Son retour passionné vers elle est comme un retour d’amant vers l’objet aimé. Il évoque alors cette définition de Saint-Exupéry : « La liberté, c’est la faculté d’aller toujours plus loin ».
Les essais terminés, à l’extrême limite des possibilités de son « piège » (8 000 km/h, 25 000 m d’altitude) on lui laisse entendre qu’il pourrait lui être confié d’entreprendre les essais d’un autre avion, aux caractéristiques plus extraordinaires encore. Il se dit simplement à lui-même : « Je m’accorde le restant de l’après-midi pour choisir mon avenir, mais c’est toujours la même histoire : ma réponse, je la connais déjà !… » ♦