Mon odyssée montagnarde
Tom G. Longstaff est docteur en médecine, membre de la Société royale de Zoologie et ancien président de l’Alpine Club. Il est par-dessus tout « un voyageur », et il semble avoir fait sienne la devise « Voyager c’est vaincre ». C’est vaincre non seulement les difficultés de la nature, mais c’est surtout remporter une victoire sur soi-même. D’autant qu’il faut mettre beaucoup de soi-même dans ces entreprises. « Ce que l’on rapporte dépend de ce qu’on y apporte soi-même au départ. » Atteindre un but est secondaire ; l’essentiel est que l’on perde conscience de son moi égoïste. Au fond « presque toutes les parties du monde se valent. Montagne ou désert, c’est tout un. » La montagne reste pourtant le paysage le plus cher à son cœur. Aussi nous entraîne-t-il successivement dans les Alpes, au Caucase, dans l’Himalaya, le Tibet, le Népal, sur les pentes de l’Everest, au Karakoroum (Mongolie), dans l’Hindou Kouch, aux montagnes Rocheuses, dans le Spitzberg (Norvège), au Groenland. C’est presque le tour du monde de la montagne.
Dans l’exposé de ses entreprises montagnardes, Longstaff met peu l’accent sur les difficultés sportives des ascensions. Il s’attache beaucoup plus à la description géographique des lieux visités. Il semble vouloir préparer les voies des futurs voyageurs. Parallèlement le point de vue humain requiert souvent son attention. En passant, mais toujours opportunément, il ne manque pas de noter ce qui a trait aux animaux et aux plantes. Tout ceci est exprimé sur le ton du récit, avec simplicité, précision, aisance.
On n’a pas impunément parcouru les montagnes les plus hautes de la terre. Le montagnard (le vrai montagnard) chez Longstaff prend parfois le dessus. « Pour moi l’habileté technique n’est qu’un moyen, en vue d’une fin. Car les montagnes ne se révéleront jamais sans réserve aux hommes qui ne les ont pas gravies, qui ne se sont pas mesurés avec leurs itinéraires les plus difficiles, qui ignorent la pierre de touche du risque. »
Et ici Longstaff, le grand voyageur, rejoint Rebuffat, le mystique des ascensions périlleuses. ♦