Le Chrétien Bernanos
Voici le moment venu de considérer l’œuvre de Bernanos dans toute son ampleur et il est significatif que ce soit un théologien qui le fasse.
Car, en ordonnant les thèmes essentiels qui n’ont cessé de commander cette œuvre, le Père Urs von Balthasar a dressé le tableau le plus saisissant d’un univers qui n’est pas seulement celui de Bernanos : c’est l’univers du chrétien, plus, c’est l’univers de la foi vivante dans le temps présent.
C’est pourquoi, après avoir étudié l’image que Bernanos s’est faite de l’homme (et notamment de l’esprit, de la raison, du rêve et de l’imagination) l’auteur organise la partie centrale de son étude autour des sacrements, signes sensibles de la grâce qui sanctifie chacune des activités de l’homme.
C’est par le baptême que le mystère de l’enfance prend son sens ; par la confirmation, la tentation du désespoir et la défaite de celui-ci ; par l’eucharistie le sacrifice, la communion des saints et des pêcheurs ; par l’ordre, le sacerdoce ; par l’extrême-onction, l’agonie et la mort.
Dans cette perspective d’ensemble, les textes de Bernanos, largement reproduits, et se répondant les uns aux autres, développent toutes leurs implications, et le lecteur se trouve en présence d’une vaste synthèse dont la rigueur le dispute à la richesse, et la fermeté à l’audace.
C’est ainsi que prennent toute leur grandeur chrétienne la pensée de Bernanos et son action, les drames des personnages et les combats de l’homme, la violence de sa colère et l’humilité de son amour. ♦