Journal d’Hiroshima
Jour après jour, du 6 août au 30 septembre 1945, le docteur Michihiko Hachiya, directeur de l’hôpital des Communications à Hiroshima, a noté ses impressions, les faits de sa vie, les événements extérieurs constatés, ses observations cliniques et autres. C’est donc, proprement, l’histoire authentique des effets de la première bombe atomique de la guerre.
Ce récit a d’autant plus de valeur que le docteur était, au moment de l’explosion, à 700 mètres de l’hypocentre, qu’il fut sérieusement blessé et qu’il ne cessa, de la première à la dernière heure, de contrôler le fonctionnement de son hôpital, gravement endommagé et transformé en véritable caravansérail.
Au milieu des scènes d’horreur le témoin conserve constamment le contrôle de ses réflexes et de son sens critique. L’esprit axé vers un seul but qui est d’assurer au maximum une aide médicale aux innombrables blessés, il fait preuve à la fois d’un altruisme quasi surhumain et d’une lucidité scientifique admirable. L’exemple qu’il donne est donc du plus haut intérêt au point de vue humain. Mais ce qui restera comme un des plus grands témoignages de l’histoire c’est le rapport détaillé de l’événement qui marque le début d’une ère nouvelle dans le monde.
Écrit simplement, objectivement, sur le ton de la conversation familière, ce journal est avant tout un document historique. Contrairement à ce que l’on pourrait attendre, l’horreur – qui est pourtant partout – n’est pas le sentiment dominant : peu à peu l’auteur, avec une hauteur de vue où le mysticisme a une grande part, sent monter en lui une résignation, puis une chaleur d’amitié humaine qui confondent nos esprits. Si bien qu’après avoir reçu la visite des premiers médecins américains il écrit :
« Quand je pense à la bonté de ces hommes, je crois qu’on peut renoncer à toute idée de vengeance. Et, aujourd’hui encore, je sens mon cœur envahi d’une douce chaleur quand je songe à ces journées et à ces amis. » ♦