Précis d’histoire de l’Angleterre, des origines à nos jours
Dans l’introduction au livre de G.-M Trévelyan le Pr Cestre indique que « M. Trévelyan n’ignore pas qu’il a été précédé dans le genre de l’histoire compréhensive et interprétative par Michelet de Carlyle ». En effet, et on peut le regretter, au dépend quelquefois de l’objectivité, ce livre interprète l’histoire dans un cadre systématique de pensée dont les deux clefs sont la supériorité du parlementaire anglais et celle de la race anglo-saxonne. Mais nous sommes loin de Michelet et de ses envolées poétiques : ici la réalité est serrée par une érudition considérable, poussée jusqu’au détail, qui aboutit à un exposé très compact et assez éloigné de nos habitudes cartésiennes, particulièrement de mise dans un « précis ».
Nous vivons à travers les siècles tout le détail de la « cuisine politicienne » britannique avec sa puissance et ses relents parfois sordides, l’auteur escomptant que par ailleurs le lecteur est déjà informé de la France apparente, des faits, de l’histoire d’Angleterre. S’imbriquant dans cette cuisine politicienne, la dominant parfois aux XVIe et XVIIe siècles, nous pouvons suivre l’évolution, très spécifiquement anglo-saxonne, des problèmes religieux qui ont abouti à ce curieux mélange de liberté de conscience et de cesaro-papisme que des événements récents viennent de remettre en cause.
La politique étrangère de l’Angleterre est, elle aussi, pliée au même cadre systématique : commentant la situation au moment de la Paix d’Utrecht en 1713, l’auteur déclare : « La victoire remportée par l’Angleterre parlementaire contre la France despotique fut un fait primordial. » C’est vraiment là une vue un peu trop schématique et succincte qui enlève certainement du poids à une œuvre par certains côtés magistrale.
Enfin, bien qu’écrite après la Seconde Guerre mondiale cette histoire s’arrête en 1939 ; on peut regretter qu’elle ne fasse pas apparaître à leur valeur les amorces de fêlures qui vont amener le grand fait de la deuxième moitié du XXe siècle qui sera sans conteste la dislocation des empires coloniaux dont l’Inde a donné le signal.